La faillite de WeWork aux États-Unis et au Canada le 6 novembre 2023 a envoyé une onde de choc dans le monde de l’immobilier d’entreprise. Cette nouvelle a particulièrement inquiété les investisseurs en SCPI, car plusieurs d’entre elles sont exposées au géant du coworking. Examinons les conséquences potentielles de cette situation sur le marché immobilier et les SCPI françaises.
L’ascension et la chute de WeWork : un modèle économique déficitaire
WeWork a connu une ascension fulgurante dans le monde du coworking, séduisant de nombreux investisseurs avec sa vision moderne des espaces de travail. Néanmoins, son modèle économique s’est révélé déficitaire dès le départ. La société signait des baux fermes de longue durée, souvent 12 ans, pour des localisations prestigieuses, notamment à Paris.
Plusieurs facteurs ont contribué à la chute de WeWork :
- Un modèle économique non viable basé sur des engagements locatifs longs et coûteux
- La crise sanitaire qui a bouleversé les habitudes de travail
- Le développement du télétravail, réduisant la demande d’espaces de bureau
Ces éléments ont accentué les difficultés financières de l’entreprise, conduisant à sa faillite aux États-Unis et au Canada. Bien que WeWork France ne soit pas encore en faillite, elle connaît de lourdes pertes, laissant planer un doute sur son avenir.
Impact sur les SCPI et les grands investisseurs français
La situation de WeWork a des répercussions directes sur le marché immobilier français, en particulier pour les SCPI et les grands investisseurs. Voici un aperçu des acteurs concernés :
Type d’investisseur | Entités concernées |
---|---|
SCPI | Edissimmo, Rivoli Avenir Patrimoine, AEW Laffitte Pierre, Allianz Pierre, Crédit Mutuel Pierre 1, Epargne Foncière, LF Grand Paris Patrimoine, Selectinvest 1, LF Europimmo, PF Grand Paris |
Foncières cotées | Gecina, Société Foncière Lyonnaise |
Assureurs | AG2R La Mondiale, Axa, Generali |
Ces investisseurs font face à plusieurs risques :
- Défauts de paiement de la part de WeWork
- Vacance locative importante en cas de départ de l’entreprise
- Baisse potentielle du prix des parts pour certaines SCPI
- Diminution possible des dividendes pour les associés
Il est indispensable de noter que WeWork loue actuellement 141 300 m² de bureaux à Paris, ce qui représente une surface considérable et souligne l’ampleur de l’exposition des investisseurs.
Perspectives d’avenir pour les espaces WeWork en France
Malgré les défis actuels, la situation n’est pas nécessairement catastrophique pour les propriétaires des espaces WeWork en France. Plusieurs facteurs peuvent atténuer l’impact de la crise :
Pour commencer, la localisation centrale des bureaux WeWork à Paris pourrait faciliter leur relocation. Les emplacements prestigieux restent attractifs pour de nombreuses entreprises, même dans un contexte de mutation des modes de travail.
Deuxièmement, il est possible que certains actifs WeWork soient repris par d’autres sociétés de coworking. Le marché du travail flexible continue d’évoluer, et d’autres acteurs pourraient saisir l’opportunité de reprendre des espaces bien situés.
Par contre, les propriétaires doivent se préparer à certains défis :
- Des délais de relocation potentiellement longs
- Des coûts de réaménagement pour adapter les espaces aux besoins de nouveaux locataires
- Une possible renégociation des loyers à la baisse pour attirer de nouveaux occupants
La capacité des propriétaires à surmonter ces défis dépendra en grande partie de la qualité intrinsèque des actifs et de leur adaptabilité aux nouvelles demandes du marché.
Recommandations pour les investisseurs en SCPI
Face à cette situation, les investisseurs en SCPI doivent adopter une approche prudente et réfléchie. Voici quelques recommandations :
- Diversifier les placements : Ne pas concentrer tous ses investissements dans une seule SCPI ou un seul secteur immobilier.
- Analyser la composition des portefeuilles : Évaluer l’exposition de chaque SCPI à WeWork et à d’autres locataires potentiellement à risque.
- Suivre de près les communications des sociétés de gestion : Rester informé des mesures prises pour gérer les risques liés à WeWork.
- Considérer le long terme : L’immobilier d’entreprise, notamment dans les emplacements de qualité, conserve son potentiel sur le long terme.
- Être attentif aux opportunités : Certaines SCPI pourraient profiter de la situation pour acquérir des actifs de qualité à des prix attractifs.
Il est important de garder à l’esprit que l’immobilier est un investissement de long terme. Bien que la situation actuelle puisse créer des turbulences à court terme, les fondamentaux du marché immobilier parisien restent solides. Les investisseurs patients et avisés pourront traverser cette période d’incertitude en maintenant une vision stratégique de leurs placements.